En tant que satellite et comme les autres planètes, la Lune n’émet pas de lumière, contrairement au Soleil et aux autres étoiles. Elle reflète la lumière du Soleil. Les phases de la Lune sont liées à cette relation Soleil-Lune vue de la Terre. C’est la lunaison, d’une durée de 29,5 jours environ.
Le cycle de la lunaison
Elle a servi de repère calendaire, c’est-à-dire de mesure cyclique du temps, à la plupart des civilisations anciennes. Il était simple en effet d’observer dans le ciel les phases de la Lune. Lors de la Nouvelle Lune, elle disparaît complètement, cachée par le Soleil, puis se révèle progressivement, jusqu’à la Pleine Lune où son disque est entièrement visible, le Soleil se trouvant à ce moment de l’autre côté de la Terre. Une éclipse de Lune a toujours lieu à la Nouvelle Lune, lorsque le Soleil l’occulte complètement et à l’inverse l’éclipse de Soleil de la Pleine Lune signifie que c’est la Lune qui dissimule à son tour le Soleil. Ce qui arrive quatre à six fois par an en moyenne.
Science et mythologie de la Lune
Ainsi fut créée la notion de mois, dont l’étymologie première nous ramène aux langues indo-européennes. En anglais la Lune est « the moon », en allemand « Mond », et cette étymologie se retrouve également dans les mots « mensuel » et « menstruels ». Mais, contrairement aux croyances populaires, la science a démonté que les cycles féminins n’étaient pas directement causés par la lune, même s’ils sont en analogie avec elle. De tous temps, la Lune a symbolisé la fécondité, l’imaginaire, les rêves, le principe féminin… bien que, entre autres dans les traditions germanique, indienne, assyro-babylonienne ou encore dans la civilisation arabe préislamique, la Lune ait été un dieu masculin.
L’astre des nuits a un lien tellement puissant et exclusif avec la Terre qu’il s’est incarné dans de multiples déesses et dieux des mythologies du monde entier. Certaines divinités représentaient une phase du cycle lunaire, souvent découpé en trois phases principales : la Lune croissante, la plénitude de la Pleine Lune et la Lune décroissante, de plus en plus sombre, jusqu’à devenir ce que l’on désigne par « Lune Noire ».
Lorsque la Lune est un Dieu
Le dieu Thot, auteur mythique du Livre des morts égyptien, dont le titre originel est le « Livre de la sortie au jour », démiurge créateur, inventeur de l’écriture, juge peseur des âmes et magicien, était un dieu lunaire, que les Grecs identifièrent comme Hermès Trismégiste, auteur du Corpus Hermeticum qui continue à irriguer maintes lignées initiatiques, dont celle de la Franc-Maçonnerie égyptienne. C’est grâce à Thot que Nout, la déesse égyptienne du ciel, dont le ventre étoilé forme la voûte céleste, put mettre au monde ses cinq enfants, Osiris, Haroëris, Seth, Isis et Nephtys, le dieu ayant gagné une partie de dames contre la Lune.
Chandra, dieu hindou de la Lune dont le nom signifie « brillant », « lumineux » est le Soma, liqueur du sacrifice, élixir de vie et donneur d’immortalité, qui symbolise aussi l’énergie sexuelle. Une légende raconte que le démon Râhu, autrement dit le Nœud Nord de la Lune, essaya de dévorer le Soleil pour boire les dernières gouttes du Soma. Mais la Lune, l’ayant démasqué, le condamna à mort. Comme il avait déjà trempé ses lèvres dans le breuvage d’immortalité, sa tête resta en vie et par vengeance, Râhu cherche à dévorer la lune lorsqu’elle est pleine. Lorsqu’il y parvient, cela donne les éclipses de Soleil.
Les facettes féminines de la Lune dans la mythologie
Régente des marées, la Lune est naturellement associée à l’eau, que l’on retrouve dans cette liqueur divine qu’est le Soma de la civilisation védique. Le dieu Lune Chandra, dans le Mahâbhârata, est né du barattage de l’océan, « joyeusement », et répand aussitôt de ses mille rayons une douce clarté.
Il existe d’innombrables incarnations mythologiques de la Lune, mais ces deux exemples, celui de Thot l’égyptien et du Chandra hindou, nous montre que la Lune peut être un astre symboliquement bienfaisant. Car le Soleil que nous appelons de nos vœux dans les contrées froides est un astre cruel et dangereux lorsqu’il rayonne trop intensément sur d’autres terres au climat sec et chaud. Il est en outre logique que la Lune croissante, de plus en plus brillante, ait été considérée comme une alliée précieuse pour guider les peuples nomades dans la nuit.
Lorsque la Lune est féminine, elle représente souvent une déesse gouvernant une seule phase du cycle. Celle du croissant de Lune symbolise la jeune fille. Elle peut être identifiée à plusieurs déesses égyptiennes : Anuket chez les Egyptiens, déesse de l’agriculture et du Nil, Maât, déesse de la justice, ou encore Neith, déesse des femmes, de la guerre, de la chasse et du tissage. Chez les Grecs, elle prend notamment la forme d’Artémis, également déesse de la chasse, mais aussi des forêts et des animaux sauvages ou Vesta, la gardienne du feu du foyer. Chez les hindous, Parvatî gouverne la féminité, la patience, les artistes et les poètes que l’on dit inspirés par la Lune.
La Lune incarnée par des multiples déesses
La Pleine Lune est associée à de nombreuses déesses, dont la galloise Cerridwen, gardienne du chaudron sacré où elle prépare le breuvage permettant la transformation spirituelle. Ou, chez les Grecs, Demeter déesse des moissons, dont la corne d’abondance est le symbole. A Babylone nous trouvons Inanna ou Ishtar, reine du ciel et de la terre, des étoiles, à la fois déesse de l’amour et de la guerre, mais aussi de la sensualité, de la fertilité et de la sagesse ! Mama Quilla, déesse inca, gouverne le flux du temps et est la gardienne du calendrier, protectrice des femmes mariées.
La phase décroissante de la lunaison est, elle aussi, symbolisée par de multiples déesses, dont la fameuse Hécate grecque, qui préside à l’accouchement et à la virginité, en cela proche des deux premières phases de la Lune, mais surtout à la magie et au monde des esprits. La Lune sombre représente souvent l’aspect mystérieux et inquiétant de la femme, à tort ou à raison. Elle évoque l’archétype de la sorcière, dont la connaissance des plantes pouvait aussi bien être porteuse de guérison que de mort. La terrifiante nuit obscure annonce pourtant la renaissance, le début d’un cycle, qui comme toute vie nouvelle sera suivie de la maturité, puis du déclin.
Les Nakshatras de l'astrologie védique
L’astrologie, considérée comme l’une des sciences hermétiques, est basée en Occident sur la course du Soleil, l’écliptique divisée en douze parties correspondant aux douze signes du zodiaque. Mais l’astrologie est aussi lunaire. Chez les hindous, le cycle de la Lune autour de la Terre est divisé en 27 ou 28 demeures, appelées « Nakshatras ». Ce sont les étoiles, les épouses du dieu Lune Chandra qu’il doit honorer successivement à part égale. Cette astrologie très ancienne et spécifiquement hindoue était utilisée pour les rituels ; chaque étoile a ses dieux protecteurs. Il s’agit d’agir au moment propice pour se les concilier.
Une technique d’astrologie lunaire occidentale que je trouve efficace et riche de sens se base sur le cycle de la lunaison, projeté symboliquement dans le thème astral de naissance sur une échelle, non de 29,5 jours, mais de 29,5 ans. Selon la phase lunaire sous laquelle nous sommes nés, ce cycle peut commencer à divers âges. Nous vivons chacun une Nouvelle Lune dite « progressée », une Pleine Lune progressée, etc. Ce cycle est découpé en huit phases, qui correspondent à la réalité de la lunaison dans le ciel. Chacune dure environ trois jours et demi, soit trois ans et demi en astrologie.
L'astrologie des phases de la Lune
A la mi-temps entre la Nouvelle Lune et la Pleine Lune, nous observons le premier quartier, croissant, puis le dernier quartier, décroissant. Ces quatre phases sont encore coupées en deux. Cela nous permet d’identifier le sens archétypal des cycles, dont nous pouvons nous imprégner chaque mois pour, qui sait, entrevoir la sagesse cachée de l’univers ? Il y a un temps pour tout, nous dit la Lune.
La Nouvelle Lune symbolise bien sûr la naissance, ou plutôt, la renaissance ! C’est le moment de faire un vœu, de démarrer un projet, de modifier une habitude, de semer un germe… A l’échelle d’un cycle de presque 30 ans, c’est une période de renouveau. Ce que nous vivons durant les trois ans et demi à venir est riche de promesses de réalisations futures. Ce qui est initié est amené à croître. Les événements peuvent être porteurs de ces énergies nouvelles, mais cela peut aussi être plus mystérieux, et il faudra parfois attendre plusieurs années avant de comprendre le fil rouge qui sous-tend ce grand cycle.
Après la nouvelle lune vient la phase du premier croissant. La lumière reflétée par la Lune augmente. C’est le temps de l’élan, de l’enthousiasme, le besoin d’agir avec spontanéité. Le germe planté à la Nouvelle Lune a une irrésistible envie de pousser.
Puis la phase du premier quartier commence. La plante est déjà bien visible, mais est-elle conforme à ce qui a été projeté lorsqu’on l’a semée ? Si ce n’est pas le cas, il peut être nécessaire de modifier les structures, d’agir sur ce qui a été mis en place afin de s’assurer de la pérennité de ce qui est en train de se construire.
La Lune Gibbeuse en astrologie
Ensuite, jusqu’à la Pleine Lune, c’est la phase de la Lune gibbeuse. Des choix ont été faits et des actions entreprises au moment du Premier Quartier. Il n’est plus temps de revenir en arrière mais au contraire d’accompagner le mouvement avec une foi et une lucidité croissantes, en associant d’autres personnes à la réalisation en cours, qu’elle soit extérieure ou intérieure.
Car la Pleine Lune et les trois jours qui suivent mettent en lumière l’œuvre accomplie, avec objectivité si possible, et peut être vécue comme un accomplissement. Beaucoup de personnes disent avoir un sommeil perturbé au moment de la Pleine Lune, faire des rêves intenses dont elles se souviennent, et la sagesse populaire dit qu’elle provoque des naissances, augmente les accidents et les coups de folie. Des scientifiques ont d’ailleurs récemment prouvé, sans l’avoir voulu, que la Pleine Lune avait bien un impact sur le sommeil… Dans tous les cas, ces analogies ont un sens étant donné que la Lune prend alors le dessus sur le Soleil vue de la Terre. Mais la Lune ne fait que refléter la lumière du Soleil et c’est le moment où elle est la plus brillante et visible dans le ciel ! Est-ce le moment où sa face cachée se révèle, exaltant la créativité, la sensibilité, la fécondité, l’imagination ?
« Frères, que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu ». Ce n’est pas la Lune qui parle, mais Saint-Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (3, 18-23).
La Lune disséminatrice, le Dernier Quartier de Lune
Ce qui peut évoquer dans d’autres contrées les derviches tourneurs ou les transes chamaniques, ou tout autre moyen d’entrer dans un état extatique permettant de communiquer avec le divin ou les autres mondes ; l’on retrouve ici les effets du Soma du dieu lune hindou, l’élixir d’immortalité.
Ensuite vient la phase lunaire dit « disséminatrice », qui est le temps du partage. Ce qui a été réalisé est destiné à être mis en commun avec les autres. Partager ses expériences de vie, partager son pain, partager ses créations, les fruits et fleurs en plein maturité, l’épanouissement. Le mot-clé est « générosité ».
Vient ensuite la phase du Dernier Quartier, annonçant une crise comme celle du Premier Quartier. Mais ce qui était un appel à structurer correctement son action est maintenant un appel à la conscience du chemin parcouru. Est-ce que nos œuvres ont un sens durable, valent-elles la peine d’être poursuivies pour aller plus loin, plus haut ? Le doute s’installe et il peut être fructueux. Oui, s’il faut commencer à prendre du recul par rapport à l’action passée, c’est le moment. Ou du moins, trier le bon grain de l’ivraie. Symboliquement, c’est le temps des moissons. En vue de l’hiver, il est prudent d’engranger.
La Lune balsamique, Lune sombre
Et voilà la dernière phase, appelée la Lune balsamique, celle de la libération, de la sagesse, de la vision ou de la décomposition et de la mort. L’énergie extérieure décroît fortement, ce qui nous contraint à nous tourner vers l’intérieur. Si nous avons déjà au cœur de notre être l’intuition du printemps prochain, alors cette période est idéale pour guider préparer le retour vers la Lumière future.
Qui dit printemps dit saison. Ce même cycle lunaire de huit phases résonne avec le cycle annuel du Soleil, marqué par les équinoxes et les solstices. Précisions simplement que la mi-temps entre les quatre phases correspond environ à 40 jours après chacune d’elles, soit au milieu des saisons.
En règle générale la Lune est évocatrice de la « partie négative de la nature ». Par « négatif », il faut bien sûr entendre le symbolisme de la nuit, du songe, du magnétisme, de l’invisible, de la passivité et de l’imaginaire qui est la moitié de l’univers, le Yin de l’être, associé au principe féminin que nous portons tous en nous en complétude avec le principe masculin, le Yang. Jung appelait cette part féminine « l’anima », l’âme, et l’autre part « l’animus », l’esprit. L’anima, la Lune, est l’Eau, l’animus, le Soleil, est le Feu. Ces deux énergies coexistent en chacun de nous et en astrologie nous savons qu’il y a des femmes solaires et des hommes lunaires. Bien des dieux égyptiens portaient sur leur tête l’union du croissant de Lune et du disque solaire.
Dans le Tarot de Marseille dont l’origine remonte sans doute aux peuples de l’Indus, ancêtres des Roms, autrement dit des Tziganes, nous avons pour deuxième lame la Papesse, qui cache sous son manteau les livres des connaissances. Cette Papesse, prêtresse, initiée, a existé dans de nombreuses civilisations, Isis ou Sophia, Vierge Noire, et tant d’autres encore, archétypes de la sagesse divine sous sa forme féminine, qui a inspiré de nombreux courants initiatiques et des religions à travers les temps.